Le Victoria Hall est aujourd’hui propriété de la Ville de Genève ; mais pour nous, Amis OSR, c’est bien notre Victoria Hall. Après l’incendie de 1984 et la rénovation de 2006, nous avons mieux mesuré le privilège de goûter aux concerts dans l’une des meilleures acoustiques du monde.

A la vérité cette salle nous est revenue par concours de circonstances, et plus précisément par la générosité de Daniel Barton. Respectueux sujet de Sa Majesté la reine Victoria, Daniel Fitzgerald Packenham Barton s’attache tôt à notre ville, puisqu’il s’y établit alors qu’il n’a que seize ans. Il y sera nommé consul britannique avant même d’atteindre la quarantaine, en 1886. Barton est fervent de musique, mais tout autant de navigation, puisqu’au côté de son ami l’architecte John Camoletti, il est membre fondateur de la Société nautique. L’initiative de doter Genève d’une grande salle lui permet de faire d’une pierre deux coups puisque le bâtiment est destiné à abriter les concerts de l’Harmonie nautique. Il n’est guère projeté d’en faire un temple du symphonique puisqu’à ce moment Genève ne possède pas d’orchestre stable et que les épisodiques apparitions de cet ensemble prennent place au Théâtre.

Avant toute chose Barton s’emploie à trouver un terrain. Il charge John Camoletti d’acheter (aux enchères !) une parcelle qui peu auparavant avait servi à des courses de taureaux et qui jouxte une construction du même Camoletti. Ce dernier tout naturellement se voit confier l’élaboration des plans. Inaugurée en 1894, la nouvelle salle porte un nom qui est double hommage : à la reine Victoria, chacun le sait, mais aussi à l’épouse du mécène, qui porte le même prénom. Le consul fait rapidement don de la salle à la collectivité, mais pose deux conditions : que la Ville subventionne l’Harmonie nautique et que cet ensemble puisse de droit y donner ses concerts (et ce sera le cas jusqu’en 1976).

La statue qui orne la partie centrale de la façade est due à Joseph Massarotti : la nudité de cette allégorie de l’harmonie choqua vivement les habitants de la cité de Calvin, contrairement aux cariatides généreusement dénudées, qui rythment l’intérieur de la salle. L’OSR y donne en 1918 son concert inaugural. Pendant des années cependant il se produit en parallèle dans d’autres lieux, à savoir la salle communale de Plainpalais (pour les « concerts populaires ») et la salle de la Réformation (pour la « Série B » de l’abonnement).